CINÉ-CONCERT ÉVÉNEMENT (1h37) : ASPECTS DU CINÉMA MUET ITALIEN
Il Fauno de Febo Mari (1917 / 1h)
Une jeune femme nommée Faith, amourachée du sculpteur dont elle est le modèle, s’endort dans son atelier avant d’être réveillée par la statue d’un faune prenant vie et qui lui promet un vrai amour sincère.
L’amour peut-il être plus fort que le mythe ? Dans un scénario inversé de Pygmalion, le modèle d’un artiste, son sculpteur-amoureux infidèle, rêve un faune dans la vie – les deux tombent amoureux et s’échappent dans leur propre monde. Pourtant, ils ne peuvent pas rester imperturbables dans leur jardin d’Eden pour toujours – le monde extérieur s’immisce, ainsi que le désordre de l’émotion humaine. Febo Mari – réalisateur, écrivain et star – traite l’histoire avec une touche d’opéra. Un intertitre épigrammatique introduit le film : « Je brandis le fouet de Ménippe, je fouette les luxes, les coutumes et les vices de mon temps et, pour les esprits sains du monde, je chante d’abord le chant de l’amour. » Il fauno est explicitement allégorique. Febo Mari et l’actrice Mordeglia étaient des amants dans la vie réelle, bien qu’ils ne se soient mariés qu’à la fin des années 1930. Le rapport et la tension érotique entre eux transpercent dans certaines scènes. « Ne me fuis pas, car je suis amour » : dans l’introduction de son personnage, Febo Mari donne le ton de ce film fantasmatique où se mêlent désir et mythologie.
Thaïs de Anton Giulio Bragaglia (1917 / 37 min)
La perfidie de la splendide comtesse Russe Thaïs Galitzy est sans égal. Séductrice, elle s’attaque à des hommes mariés, les menant à leur ruine. Sa meilleure amie en fera bien vite les frais lorsque Thaïs s’en prendra à son mari, dont la chute de cheval laisse présager son suicide. Prise d’un sentiment de culpabilté, Thaïs se suicide dans sa villa-labyrinthe, celle-là même qui ouvre et conclue le film, et dont les décors ont été conçus par Enrico Prampolini, peintre un temps futuriste et dont la géométrie architecturale préfigure l’« Art décoratif ». Le réalisateur Anton Giulio Bragaglia a réalisé quatre films dont Thaïs, le seul film conservé, qui témoigne de sa proximité avec le futurisme italien et lui confère sa notoriété de théoricien et de cinéaste expérimental.